En décembre 2013, après quelques séjours à l’hôpital, nous avons su que mon grand-père avait un cancer. J’étais à ce moment enceinte de mon 2e enfant. J’ai eu peur qu’il ne le voit jamais. Ça m’avait inspiré le texte plus bas. Aujourd’hui, 18 octobre 2018, ça fait deux ans qu’il nous a quittés. Après avoir accepté des traitements de chimio, après avoir bercé mon 2e… puis ma p’tite dernière. Durant ces trois années où il s’est offert un peu de temps, il a partagé certaines de ses sagesses. J’ai eu la chance de me reprendre, de créer un lien spécial avec lui. Nous avons eu de nombreuses conversations, dans lesquelles je le sentais en paix et ça m’apaisait aussi. En fait, c’est à nous, sa famille, qu’il a voulu donner du temps… C’est le plus beau cadeau qu’il m’a fait.
Mon grand-papa aux airs d’acteur Hollywoodien n’était pas très grand, mais il était un grand homme. Tes mots m’accompagnent encore. Je t’entends dire aujourd’hui: “C’est beau ça, ma fille”.
Je n’ai connu qu’un seul de mes grands-pères. C’est déjà plus que bien des gens, je le sais. Mon grand-papa, il a 83 ans. Il n’a pas eu une vie des plus faciles, mais il a quand même su en faire quelque chose de beau. Il est fort mon grand-papa, même si je le bats au tir au poignet depuis l’adolescence! Il a survécu à deux infarctus, il a été greffé d’un rein, a subi une opération délicate à la hanche et y a perdu la vue d’un œil au passage. Dans ces moments difficiles, il a toujours eu un moral d’acier. Dans les dernières années, alors que c’était ma grand-mère qui éprouvait plus d’ennuis, il a pris le relais. C’est lui qui fait l’épicerie et les commissions. C’est lui qui conduit depuis des années, oui, avec un œil en moins. Même les trajets jusque dans le bas du fleuve ne lui font pas peur! C’est plutôt moi qui ai peur, peur de le perdre. Je sais que ça arrivera un jour. Comme il le dit si bien : « il faudra bien mourir de quelque chose ». Ça aussi, ça n’a pas l’air de lui faire peur.
Ce n’est pas l’homme le plus loquace que je connaisse, sauf quand il prend un verre! C’est à ce moment qu’il nous raconte des parties de sa jeunesse et nous parle de sa fierté d’avoir travaillé dans la même compagnie toute sa vie. J’ai souvent pensé qu’il se répétait un peu. Aujourd’hui, j’espère qu’il se répétera encore quelque temps. Et j’écouterai.
Je ne crois pas qu’il m’ait déjà dit « Je t’aime ». Mais il a sa façon à lui de le faire. Quand j’appelle ou que je vais faire un tour, il me dit « C’est beau ça ma fille » et alors je sais. Je sais qu’il est content, je sais qu’il est fier aussi et je sais qu’il m’aime. Ça aussi, c’est beau.
Je m’en veux de ne pas avoir été les voir en octobre comme j’avais promis. Je m’en veux de ne pas trouver la force d’appeler ma grand-mère pour lui montrer mon soutien. J’ai trop peur de pleurer. Elle va pleurer elle aussi. Je le sais. Je ne sais pas encore ce qu’il a mon grand-papa, mais je souhaite seulement avoir encore un peu de temps. Un peu de temps pour trouver du courage, de la force et un peu de temps pour tenir mes promesses. Un peu de temps aussi pour graver ces souvenirs à jamais dans mon cœur.