Le mépris des princesses

texte par Magali

J’ai rencontré Magali lors du mariage d’un ami commun. Le coup de foudre amical m’a frappée dès que j’ai aperçu les grands yeux de ce petit coeur sur deux pattes rempli de sincérité et d’un humour des plus savoureux! Nous partageons certainement quelques cellules de cerveau et c’est pourquoi une collaboration sur mon blogue était une évidence. Je suis heureuse de vous partager son premier texte sur Simplement Véro et je suis convaincue que vous l’apprécierez tout autant! Bonne lecture! 🙂

Véro
Image par PawinG de Pixabay

Dernièrement, j’ai lu l’article Je me suis perdu de l’excellent blogue Ma famille mon Chaos où son auteure, Maïka, effleure le sujet du Karma. Elle y partage un exemple de son interprétation de celui-ci sur sa situation de maman actuelle. Depuis cette lecture, je me surprends à me placer en mode spectateur et à revoir certaines situations passées et présentes afin de tenter de les analyser avec les mêmes lunettes karmatiques que celles de Maïka. Ma dernière séance portait sur ma répulsion envers les choses dites classiquement féminines. 

Depuis ma découverte du sexisme en 4e année du primaire (je vous y reviendrai dans un autre article), je fuis les clichés féminins. Non seulement ils m’horripilent, mais en plus j’ai longtemps jugé ceux qui les encouragent en les adoptant. Bien sûr, j’ai déjà flirté à différents moments de ma vie avec ces différents clichés. J’ai déjà été une fille qui désirait simplement plaire à tous, avec un énorme besoin d’approbation des autres ce qui m’amenait à croire qu’ainsi je terminerais ma quête d’estime de soi et c’est ce qui m’amènera à tourner parfois le dos à mes valeurs. Je me suis souvent déçue par le passé puisque mes propres attentes envers moi-même étaient élevées, rigides et sans pitié. Aucune place pour l’amour et la compassion envers moi-même, seulement de la pression et du mépris.

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J’avais une définition erronée de ce que devait être une femme forte et ma métamorphose débuta lorsque le sentier de l’ouverture d’esprit s’est offert à moi sous la forme d’un petit visage délicat, aux yeux océaniques et partageant le même sexe que moi; ma première fille Romy. Celle-ci a créé une tempête sans précédent dans tout mon être. Elle a déblayé de vieilles blessures qui semblaient tellement anodines, mais qui finalement sont des points tournants de ma vie; des souvenirs émotifs puissants qui de prime abord me semblaient tristes, mais qui sont devenus empathiques, des réflexes de pensées destructifs qui sont devenus de l’amour bienveillant. 

Plusieurs parents le savent, souvent les traits de caractère ou situations qui nous horripilent chez nos enfants viennent inconsciemment de nos faits et gestes. Je ne voulais tellement pas que mes filles deviennent des clichés de fillettes, et ce, avant même d’avoir eu mon premier amoureux à 15 ans. Adolescente, je visualisais mes filles comme on disait à l’époque; tomboy. Je les voyais comme moi à 7 ans, couvertes de grafignes de branches, de la terre sous les ongles et des genoux avec des galles tout l’été. Je les visualisais téméraires, fonceuses, sans cadre rigide, sans clichés féminins qui sont souvent vite introduits dans la vie des enfants. Puis Romy est arrivée avec sa fascination pour les princesses, les licornes, les arcs-en-ciel, le rose et le mauve, le maquillage, les talons hauts, les paillettes, les pouliches, les Barbies bref TOUS les clichés de fillette. Chaque requête ou demande qui comportait un de ces éléments me brûlait au vif. Comme si automatiquement cela la rendait faible, vulnérable, une victime de ce monde extérieur à notre nid qui l’attend. J’ai essayé subtilement de réorienter ses intérêts, mais en vain.

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J’ai commencé à comprendre la beauté d’embrasser à fond qui l’on est la journée où je suis allée magasiner avec elle et que je lui ai laissé carte blanche sur TOUT. Du haut de ses 3 ans, je m’attendais à un tsunami rose aveuglant de paillettes aux multiples princesses, mais non cela fût très équilibré.

Ensuite vers ses 4 ans, après des semaines de crisettes matinales, je l’ai laissée faire elle-même ses agencements vestimentaires. Oh boy ce fût challengeant, mais la fierté et l’étincellement de son regard éclipsaient totalement le malaise oculaire vestimentaire qui voulait se manifester. À chaque fois que l’envie me prenait de vouloir contrôler l’image de ma fille par mauvaise habitude, je me forçais de lui demander seulement comment elle se sentait dans ses vêtements. Quand le sourire s’invite sur ses lèvres, la superficialité de mes pensées et la pression du regard des autres disparaissent.

J’ai compris l’importance du lâcher-prise et l’abandon des idées préconçues. Que fondamentalement je souhaite seulement que mes filles soient heureuses à leurs façons et qu’elles sachent que peu importe leurs goûts, choix ou évènements, je serai toujours là à les aimer de plus en plus fort. Ma fierté et mon amour ne seront pas dictés par des stéréotypes, autant par ceux des autres que les fantômes des miens. La vie ou le Karma a mis sur mon chemin une petite princesse qui à sa façon est téméraire, fonceuse et surtout heureuse, et ce, idéalement en jupe rose à paillettes!

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“Bonheur, c’est toi?”

Source de l’image: Pixabay

Ça t’est déjà arrivé de vivre un moment tout simple, mais si intensément bon que c’est comme si tu le regardais de l’extérieur? Que tu poses tes yeux sur la scène en espérant que ton cerveau photographie ces secondes de pur bonheur?

Hier, on est allé au parc avec les enfants après souper. Ils ont pris leur vélo. Y’a eu du chialage pour partir, comme y’en a souvent. J’ai pensé une seconde que c’était une fausse bonne idée. On est parti quand même. Le grand en avant, confiant. Le benjamin qui pédale deux fois plus vite pour suivre… mais qui suit! Le mari avec le chien qui ne sait plus trop s’il doit rejoindre les gars ou juste marcher avec le chien. Puis moi avec la cadette qui me semble si lente, mais qui pourtant est clairement plus vite que ses deux frères l’étaient au même âge!

Arrivé au parc, notre grand voit une “fille de son école” qu’il n’aime pas trop. Ça arrive. Je lui dis qu’il a qu’à faire ses choses et la laisser faire les siennes. Il rouspète. Ça lui tente plus, le parc. Pensée pour la fausse bonne idée… Mais je lui suggère de venir voir les grenouilles avec moi, comme j’ai fait quelques heures plus tôt avec son frère et sa sœur. Victoire! Il est content.

On cherche les grenouilles dans l’étang. On les observe, les prend en photo. On discute de l’environnement au passage, de l’importance d’y faire attention, à notre planète! On parle doucement pour pas trop les déranger et on évite de les toucher, même si c’est tentant!

Quand on revient de notre petit étang, la “fille” est sur son départ. Je me dis que c’est vraiment une belle soirée finalement. Je fais courir le chien, les enfants s’amusent. Nous sommes maintenant seuls dans le parc. Les enfants enfourchent leur vélo et se mettent à faire des courses. Les deux petits hommes sont de bonne humeur, ils laissent leur sœur gagner une fois sur deux, en l’encourageant. Elle a les yeux fiers! Un après l’autre, ils passent devant nous avec le sourire jusqu’aux oreilles. Ils sont bien. Je suis bien.

Je regarde Maxime, il sourit, lui aussi. Je regarde Kevin. Petit chien a compris que c’était le temps d’être parfait. Il est assis et regarde la scène lui aussi. Je suis envahie par une grosse vague de bonheur. Je dis à mon mari: “Regarde, on a créé ça, nous.” Il me sourit. Je sais qu’il comprend. Il prend ma main dans la sienne. L’équilibre parfait, pendant un instant.

Mes yeux se remplissent de ces images. J’ai pas envie de sortir mon téléphone pour immortaliser ça. Les photos, c’est dans ma tête que je les veux. Vous savez, ces images qui nous tiennent debout quand le vent souffle, mais qui ne veulent rien dire pour les autres? Ces doux instants qui créent les liens d’une vie. Les moments qu’on voit quand on a besoin d’un câlin mais que personne n’est là.

Et je mentirais de dire que c’est toujours comme ça. En fait, c’est comme si on était venu me récompenser après quelques semaines d’inquiétudes, de questionnements, de cœur qui chavire. Parce que c’est aussi ça, être maman. Nos petits cocos nous amènent parfois sur des chemins qu’on a jamais connus avant… et “sur-le-tas” on doit apprendre, en quelques secondes, c’est quoi la meilleure façon de réagir. En quelques minutes, on doit trouver les meilleures paroles possibles. En quelques jours, on doit comprendre. Et en quelques semaines, on doit agir.

J’ai pas besoin de vous donner des détails pour que vous me compreniez. Parce que des semaines comme ça, on en a toutes. Des semaines où ça va trop vite et pas comme on veut! Comme quand t’accouches, que tu voudrais juste respirer deux secondes et qu’on te dit: “Vas-y, poussssee!!!” Bin dans les dernières semaines, j’ai poussé en masse! 😉 Jusqu’à en avoir le vertige. Mais f*ck le vertige ma Véro, c’est toi la mère, tu reprendras ton souffle plus tard!

Ce qu’il faut retenir, p’tite mère, c’est que le vertige va passer. Que “toute va être correct”. Il arrivera un instant comme celui d’hier pour te le prouver.

Hier, le bonheur avait l’odeur des grenouilles dans un étang et le son des roues d’un vélo sur le bitume. Le bonheur était simple, mais grand. Le bonheur était pas prévu, mais il était là. On l’a reconnu aussitôt. C’est ça le plus beau, au fond: savoir c’est quoi le bonheur et le savourer à grosses croquées.

Et si t’avais du fun avec ton kid?

Dimanche après-midi. J’ai pas assez dormi. Je me remets lentement d’un méga virus qui m’a clouée sur le sofa pendant deux jours. J’avais prévu aller à l’écurie. Monsieur mon Mari, lui, propose aux enfants d’aller glisser sur la butte de l’école.

C’est là que je me suis dit: “Et si j’avais du fun avec eux autres, mes trois trésors, à place? Un petit deux heures bien placés.”

Tsé quoi? C’était cool. J’ai oublié que j’avais 35 ans. C’te dimanche après-midi-là, malgré la fatigue et la gorge qui pique, j’avais maximum 8 ans. Je jouais. Avec mes enfants, un ami de mon grand qui s’est joint, mon mari et mon chien rempli de joie de courir après nous dans “trop de neige”!

 

*Ça c’est pas dimanche… j’ai pas pris de photos, j’avais 8 ans et pas le temps de penser à ça! 😉

Ça faisait longtemps que j’avais ri autant avec un traîneau! Et je me suis dit, dans le fond, c’est pour ça qu’on fait des enfants. C’est pas pour les leçons, le lavage ou le verre de vin qui t’aide à décompresser de ta vie… non, c’est pour avoir du fun avec eux. C’est pour leur montrer une façon de vivre qui fera en sorte qu’ils seront heureux, autonomes et équilibrés.

Pis quand tu te lèves et que tu leur dis de se dépêcher à manger, se dépêcher à s’habiller, se dépêcher à brosser leurs dents… et que tu reviens le soir en leur demandant de se dépêcher parce que t’as le souper à faire, pis les leçons, pis les bains, pis une ou deux brassées, pis une commission ici et un courriel à envoyer là… Tu leur montres quelle façon de vivre?

Leur montres-tu à jouer, à rire? À glisser sur une butte, tomber, et rire encore? Leur montres-tu à être là? À être heureux?

J’ai rien contre les “mères à boutte – ordinaires – cinglantes – imparfaites” de ce monde qui en aident tant d’autres à se déculpabiliser. Elles ont un rôle important à jouer dans ce monde où tout va trop vite. Ce que j’aime pas par contre, c’est cette impression que la mère d’aujourd’hui doit être brûlée! Elle a besoin de son vindredi pis de sa soirée de filles. Pis de grand-maman qui vient aider. Il faut qu’elle lâche prise qu’on dit…

Ok. Lâche prise sur ce que va penser le voisin, sur tes planchers qui sont pas super propres, sur ton linge pas plié, pis sur le bol de céréales que tu donnes pour souper de temps en temps. Bin correct.

Mais je pense que la mère d’aujourd’hui aurait besoin de jouer plus. D’avoir du fun avec ses enfants. De lâcher le vin un vendredi de temps en temps pour jouer aux cartes, dessiner, construire une cabane avec des couvertures, éteindre les lumières et danser dans le salon avec les personnes qu’elle aimera assurément toute sa vie. Y’en a pas beaucoup du monde de même, que t’aimeras toute ta vie. 😉

Peut-être que toi, ça te fait pas tripper une butte de neige. Mais c’est quoi que t’aimais quand t’étais petite, maman? T’en souviens-tu? Tes enfants, eux, ils le savent-tu?

 

*Ça non plus c’est pas dimanche, c’est il y a deux semaines quand j’ai joué au roi de la montagne avec Rémi. Gros fun!!

Il y avait tellement de choses que j’aimais petite et que j’aime encore! Patiner, jouer aux échecs, lire, jouer à la cachette, danser, chanter, dessiner, écrire des histoires, monter à cheval, jouer avec mon chien, faire du vélo, acheter des bonbons au dépanneur, prendre une marche avec ma sœur, écouter de la musique, glisser, s’arroser dehors l’été, écouter un film couchée par terre, faire des anges dans la neige, enlever les pétales d’un pissenlit voir si mon kick du moment m’aimait aussi… la liste est longue!

Toutes ces petites choses qui font que la vie est douce et meilleure, j’essaie de les transmettre à mes enfants. Et des fois, ce sont eux qui me ramènent en arrière avec un coin-coin fabriqué à l’école ou mes plus jeunes qui jouent à Jean Dit à la garderie.

Au pire, apprends-leur à rien faire, avec toi! Parce que bin non, je suis pas en train de te dire de devenir G.O. et de les animer sous le pseudonyme de Cacahuète que t’avais dans le temps au camp de jour!!

Il y a tant de façons d’avoir 8 ans, encore et toujours. Tant de manières d’avoir du fun avec ceux qu’on a tant désirés. D’ailleurs, l’a-t’on oublié? Qu’on les a désirés?

Parce que si t’as fait ton enfant en te disant que ça ferait des belles photos sur Instagram, je te le dis tout de suite, tes journées vont être loooongues! 😉 Des enfants, c’est imprévisible, spontané, joueur, intelligent et créatif. Quand on entre dans leur monde, le moment présent prend tout son sens. Parle-leur de ce qu’ils aiment, de ce qui les font vibrer. Je te jure que tu vas oublier ta semaine ou le trafic ou je ne sais quoi d’autre qui te donne envie de t’ouvrir une bouteille! Être mère, c’est beau, même quand c’est laid! Tâchons quand même de ne pas oublier les beaux côtés de cette vie qu’on a choisit.

Ça t’empêchera pas d’être ordinaire ou imparfaite. Ça t’empêchera pas de sortir entre filles ou de coucher les enfants plus tôt pour te faire un souper en tête-à-tête avec ton homme. Ça va juste t’aider à retrouver ton cœur d’enfant. Et, peut-être, à te rappeler assez c’est quoi être un enfant pour les comprendre un peu plus.

Avoir du fun avec ton kid, ça fait en sorte que tu l’aimes encore plus… et que tu t’aimes plus comme mère aussi. Garanti. C’est pas une belle façon de déculpabiliser et de lâcher prise ça? 😉