Comme ça nous arrive souvent, mon mari et moi discutions de tout et de rien dimanche dernier. Du tac au tac, je lui dis: “Avec tout ça, je me dis que je suis obligée d’être heureuse. Ouin, toi et moi, on a la responsabilité d’être heureux, par respect pour tous ceux qui n’ont pas notre chance.”
On parlait, entre autres, du petit Aaylan et de tous ces enfants qui connaîtront une fin tragique ou injuste. On parlait aussi de gens près de nous qui doivent laisser partir un petit ange avant même sa venue… Alors que nous, tout s’annonce bien pour notre troisième enfant en route.
Mon mari et moi nous sommes regardés dans les yeux comme si tout devenait une évidence. Ce n’est pas toujours le cas, mais cette fois j’avais raison! 😉
J’ai décidé de faire de cette pensée l’un de mes mantras. Pas un fardeau, pas un stress ajouté, juste une constatation. Mes enfants, mon mari et moi avons eu le cadeau inestimable de naître en santé, de s’être trouvés, de s’aimer et de vivre une bonne vie. Pas parfaite, pas toujours facile, mais agréable, bien remplie et pleine d’amour. Honnêtement, quoi demander de plus? N’avons-nous pas, à cet instant, le devoir d’en être heureux? Ne devons-nous pas se réveiller chaque matin avec la joie d’une autre belle journée qui commence?
Pour être honnête, j’étais déjà heureuse. Mais à partir de maintenant, je m’auto-condamne au bonheur. Parce que plusieurs souhaiteraient être dans ma position mais ne le pourront peut-être jamais. Et si, un jour, je ne suis plus heureuse, il n’en reviendra qu’à moi de prendre les décisions qui s’imposent pour le devenir. Mon bonheur est de mon unique ressort et il me revient de faire de ma vie ce que j’en ai toujours voulu.
Petite tape dans le dos, je suis plus que bien partie. 😉 J’ai aussi eu l’intelligence, l’instinct, la chance, appelez ça comme vous voulez, de tomber amoureuse et d’épouser l’homme qui souhaite se tenir à mes côtés dans cette vie. Avec nos buts communs et aussi avec nos objectifs personnels, on se donne la main dans cet engagement au bonheur.
Ça peut sans doute sembler lourd pour certains comme responsabilité. De mon côté, je trouve au contraire que ça rend la vie plus légère. Ça relativise les journées où le sourire est moins facile. Ça rend la fatigue moins lourde à porter et les petits soucis encore plus petits. Ça donne l’envie de se concentrer sur ce qu’on aime, ce qui nous rend heureux. Ça donne le goût de remplir nos journées de multitudes de petits instants de bonheur. Ça nous permet de mieux les voir aussi, ces moments magiques, et de les chérir dans toute leur valeur. Je trouve aussi que ça me rend encore plus empathique, encore plus reconnaissante.
L’obligation d’être heureux, c’est se regarder dans le miroir et s’obliger à sourire, pour ensuite y prendre goût et garder cette attitude toute la journée. L’obligation d’être heureux, c’est reconnaître notre chance et continuer de construire dessus. L’obligation d’être heureux, c’est apprécier la vie pour ce qu’elle a de plus beau, tout en essayant d’embellir ce qui est moins reluisant.
Finalement, l’obligation d’être heureux, c’est d’être là, dans l’instant présent, et d’en faire quelque chose de bon.
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