Le chant du périnée

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Si t’es une mère, une future maman, le chum d’une femme en balloune, la meilleure amie de celle qui a accouché de son bébé joufflu de 9 livres, un père… bref, si tu es une femme ou un homme et que les enfants font partie de ta vie présente ou future, tu devrais envisager la lecture qui suit.

Parce que nous les mères, on a toutes, en avance ou en retard, entendu parler des côtés ingrats de porter la vie. Nous, les femmes, on sait qu’on va sûrement élargir du bassin, qu’on va avoir des vergetures à des endroits dont on avait oublié l’existence, que nos seins vont d’abord et avant tout être des engins de production, qu’il n’y a pas juste le poil qui pousse enceinte, les boutons et les cernes aussi. Il y a une chose par contre qu’on n’entend pas vraiment parler, mais qu’on devrait toutes savoir.

Ça peut chanter un périnée

Si jamais c’est la première fois que tu entends ce mot, tu peux toujours aller le taper sur Google. Mais je peux aussi t’expliquer vite vite que c’est le muscle pelvien. C’est la paroi qui se situe entre (appelons un chat un chat) le vagin et l’anus. Les hommes aussi en ont un. Pas un vagin, un périnée! 😉 Crois-le ou non, ça supporte plein de trucs ce muscle méconnu! Dont les organes inférieurs comme la vessie.

En passant, un périnée en santé, c’est toujours gagnant quand les enfants sont couchés et que, ton chum et toi pouvez (enfin) avoir des rapprochements dignes d’Occupation Double!

Un périnée qui manque de vigueur, ça fait, entre autres, des mamans ou des grands-mamans qui se serrent les cuisses quand elles rient…

D’où ça part tout ça?

C’est l’histoire d’une trentenaire (moi) qui est enceinte de son deuxième bébé. Contrairement à sa première grossesse, pas de complications en vue à l’approche des dernières semaines… si ce n’est d’une fatigue intense causée par une tonne de contractions, un terrible two et une baleine de bédaine dans le chemin! Le dit bébé, prénommé Rémi, se décide plus tard que tôt à libérer sa mère pour s’ouvrir au monde.

Tous se portent bien, un beau bébé de 9 livres 2 onzes en santé, une maman confiante qui reprend des forces à la vitesse de l’éclair, un papa comblé, un grand frère heureux. Une belle petite famille quasi parfaite. Quasi, parce que, le périnée a décidé de foutre le bordel dans mes bobettes!

Dans une déprime intense d’allaitement trop douloureux, je me mets à pleurer… et à me pisser dessus, aux toilettes, 2 secondes avant de baisser mes pantalons. LA honte! Monsieur mon mari, pourtant d’ordinaire dédaigneux, me prend généreusement dans ses bras alors que mes pleurs de déprime se transforment en cris de colère, de honte et d’incompréhension.

Quelques jours plus tard, j’ai mon rendez-vous de suivi de grossesse avec mon médecin de famille. Heureuse de lui présenter mon nouveau-né et qu’elle voit ma grande forme, je suis tout sourire en m’installant, jambes écartées, sur la table d’examen.

Elle prend le spéculum, l’insère et s’exclame, une demi seconde plus tard: “Okkk. t’as clairement une descente de vessie”.

– “De quessé???”

– “Fais tes Kegel au plus vite, parce que je l’évalue à 2 et demi environ. Tu risques de te ramasser en physiothérapie.”

Elle continue son examen, s’exclamant que les points sont beaux, que je peux reprendre mes activités. Elle me demande comment ça va avec le bébé, si j’ai le moral, etc. etc. Je réponds de façon presque automatique, encore choquée par ce qui vient de se passer. Bien qu’elle insiste encore sur les Kegel avant mon départ, elle n’est pas trop alarmiste alors je repars avec le sourire dans ma poche plutôt que dans ma face, mais sans plus.

J’entends le club des mères parfaites me dire, les sourcils en triangle: “T’avais pas fait tes Kegel?!!”

Oui, je les avais faits, par-ci par-là, sans plan précis, comme tout le monde. Je les avais faits comme une mère les fait entre deux brassées, une crise de bacon et des nausées de grossesse. Je les ai faits comme j’ai pu, quand j’ai pu.

Le bidule à chants

Tout ça pour dire que, de retour à la maison, je me suis ressaisi de mon traumatisme et j’ai fouillé sur Internet pour voir ça mange quoi en hiver une descente de vessie. J’aurais dû poser des questions à mon médecin au lieu, mais un état de choc ça se contrôle pas toujours bien.

Bref, je pensais me sortir les scénarios catastrophes de la tête et ça a été l’inverse. J’ai lu qu’à une descente de vessie de type “3” on se faisait opérer. J’ai aussi lu que se faire opérer pour remonter tout ça = plus de bébés.

WOH!

J’étais pas rendu là. J’ai juste 30 ans que je me suis dit, voir que je peux plus avoir d’enfant! Moi qui en ai toujours voulu quatre!! Moi, qui fais attention à son alimentation, qui bouge régulièrement, qui suis en santé… Restant d’hormones oblige, j’ai purgé mon corps de toutes ses larmes.

Comme je ne suis pas le genre à m’apitoyer longtemps, je me suis ressaisi une seconde fois, j’ai relevé mes manches et cherché une physio spécialisée en rééducation périnéale.

BINGO!

Ma physio en faisait! Celle au coin de la rue, celle qui m’a aidée avec mon genou.

Je suis dans son bureau. Elle n’a pas changé. Souriante, gentille, drôle. J’ai bien fait de venir la rencontrer. Elle me rassure, me dit qu’il y a quelque chose à faire, que la maternité n’est pas finie pour moi. Elle m’explique en quoi consiste la rééducation. Ouaaacheeee… mais il faut ce qu’il faut.

Me voilà sur le dos, jambes écartées, jaquette bleue et pas de culottes. Elle pèse sur un bouton et la table monte. Oh mon Dieu! Qu’est-ce que je fais ici? Ce qui doit être vu est directement à la hauteur de ses mains. Je suis plus ou moins trois pieds dans les airs et je regarde la pudeur que j’ai laissée en bas. Elle me regarde, devinant mon désarroi et me dit: “qu’est-ce qu’on ferait pas pour nos enfants?”.

Et c’était parti.

Ses doigts dans mon entrejambes, j’ai appris à contracter ce muscle pelvien que j’avais délaissé.

“Fais-moi une série de 10 contractions de 10 secondes.”

“Ok, maintenant une série de 10 contractions rapides.”

“Plus fort, il faut que j’aille de la misère à bouger mes doigts. Fais comme si tu voulais monter tes petites lèvres vers ton nombril.”

Oui… j’ai entendu tout ça. Je l’ai exécuté. J’ai ri aussi. Elle a ri avec moi. J’ai eu chaud tellement j’ai forcé…

Puis, des exercices à faire à la maison et une préparation à l’étape suivante: le bidule à chants.

Il s’agit d’une sonde périnéale qu’on insère dans le vagin et qui mesure automatiquement l’intensité des contractions musculaires que la femme donne à son périnée. La sonde est reliée à une machine. Le but: faire chanter la machine!

D’où mon expression que ça peut chanter un périnée! Une contraction musculaire maximale soutenue et on te récompense d’une petite chanson! 😉

Évidemment, il faut mettre son orgueil et sa pudeur de côté. Ça donne lieu, aussi, à des moments cocasses, des blagues un peu bizarres et des anecdotes savoureuses. Ça m’a demandé tout mon petit change pour me décider à écrire là-dessus. Mais bon, avec deux enfants et une descente de vessie, de la pudeur, j’en ai pu! 😉

Mine de rien, je suis quand même capable de faire des Kegel en faisant des squats, je contracte mon périnée avant de tousser, éternuer, me moucher, me pencher et prendre n’importe quoi. Je le contracte en séquences pour courir, pour faire mon spinning et de l’équitation. J’ai pris conscience de mes abdominaux profonds et je les utilise à bon escient! Surtout, j’ai une vessie remontée naturellement. 😉 Pas parfaite, mais fonctionnelle pour, je l’espère, un autre enfant.

Ça fait que, fais pas comme moi. Je ne fais pas partie du club des mères parfaites, mais écoute-moi pareil! Imagines que tu fais chanter ton périnée toi aussi. Aussi bizarre que ça puisse paraître, tu le regretteras pas!

Crédit photo via Pinterest

2 comments on “Le chant du périnée”

  1. Eve-Marie

    Tu as toujours une aussi belle plume!

    • Véro

      Merci Eve-Marie! Et toi, tu fais toujours partie des femmes que j’admire! 🙂

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