Quand j’étais petite, je voulais être riche et connue. Je me plaisais à penser que je serais chanteuse ou animatrice de télé pour y arriver. Armée d’une télécommande ou d’une brosse à cheveux, j’inondais la maison de chansons apprises par cœur et d’entrevues où j’étais à la fois l’intervieweuse et l’interviewée. En fait, “l’empire” Véronique Cloutier, avec les shows de télé et de radio, le spectacle d’humour, le magazine, la collection de vêtements, les shootings photo, je l’avais callé pour moi il y a plus de 20 ans. La Véro du Québec, c’était moi. Trop tard maintenant, la place est prise.
Ça fait que je pense à un changement de nom pour accomplir mes rêves d’enfants. 😛
N’empêche que ça m’a fait réfléchir parce que j’affectionne particulièrement les rêves d’enfants. Je suis d’avis que nous les abandonnons trop vite pour une vie d’adulte normalisée, que nous devrions nous accrocher à ces rêves pour devenir un adulte épanoui. La personne qu’on est enfant ne devrait pas perdre toute sa saveur devenue adulte.
Et puis me voilà à écrire sur un blogue suivi par moins de 100 personnes (un énorme merci aux 60 personnes en moyenne qui le font), à faire un travail inexplicable pour la grande majorité des gens et à être tout sauf riche et connue! 😉
Ai-je raté ma vie? Absolument pas.
Je la regarde, l’autre Véro. Je l’aime bien, je l’admire souvent, je m’en inspire même, mais je ne l’envie pas. Sa vie sans beaucoup d’arrêts, sa course effrénée, sa vie familiale bousculée parfois, son couple à la vue de tous, non merci. Aller à l’épicerie et se faire accrocher par 25 madames qui se tournent en disant: “Ah mon Dieu, c’est la belle Vérro. C’est mon rêve de vous rencontrer.” Y’a des journées où je suis vraiment trop sauvage pour ça, où j’ai les cheveux un peu gras, des souliers qui fittent pas, des yeux fatigués pas maquillés (jamais maquillés que je devrais dire).
Je ne la juge pas. Je pense qu’elle fait réellement ce qu’elle aime et qu’elle y trouve son équilibre à elle.
Mais moi, qu’est-ce que j’aimais enfant? Ils sont où les rêves de la petite Véro?
Dans l’après. Parce que oui, j’étais une enfant à l’imagination fertile. Et après les chansons et la télé, Véro avait du temps. Je regardais mes enfants jouer dehors par la fenêtre de la cuisine en préparant un repas. Mon mari rentrait du travail, parfois en habit, parfois en travailleur de la construction, et s’amusait avec les enfants avant de venir m’embrasser. Au loin, on voyait des chevaux manger du trèfle au champ.
Certains rêves ont évolué ou se sont précisés, mais en y réfléchissant bien, je ne suis pas très loin de cette image. Il arrive souvent que j’aie commencé le souper (j’aime beaucoup cuisiner) quand mon mari revient du chantier. Les jours d’été, c’est fort possible que je surveille les enfants dehors par la fenêtre en même temps. À tous les coups, Monsieur mon Mari va les retrouver quelques minutes avant d’entrer et me saluer, souvent avec un sourire et un bisou. Les chevaux ne sont pas à la maison, mais ils font toujours partie de ma vie. La réalité n’est pas identique à l’image, mais les synonymes du bonheur qui s’en dégageaient y sont tous!
La vie m’a donc menée vers la partie moins flamboyante de mes rêves. Parce que c’était plus facile? Peut-être. Je pense plutôt que la petite Véro a compris avec le temps que la vraie richesse ne se quantifie pas, qu’elle est difficile à expliquer, qu’elle est toute en nuances et en simplicité. Le reste, c’est un bonus… que l’autre Véro porte définitivement mieux que moi! 😉
P.S. J’apprends encore des chansons par cœur. Je préfère maintenant les télécommandes aux brosses à cheveux pour mes spectacles!
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