La fraternité maternelle… ou le club sélect du jugement

jugement

Quand on est sur le point de devenir mère pour la première fois, on s’imagine que toutes les mamans du monde vont faire partie de notre gang. Ou plutôt que nous, nous allons entrer dans le club sélect des femmes qui savent ce que c’est de porter et accoucher un enfant. Et qu’ensemble nous partagerons anecdotes et inquiétudes en toute bonne foi.

La malheureuse vérité, c’est que t’as vite l’impression que t’es rentrée dans le club sélect du jugement. Y’a pas pire au monde qu’une mère pour en juger une autre! Je ne comprends pas pourquoi on se fait ça! La solidarité féminine disparaît au même moment où ton utérus devient un sujet d’échographie.

On se permet de commenter ta prise ou non-prise de poids, d’analyser ton postérieur d’une grossesse à l’autre (true story!!), de te donner des conseils sur l’allaitement avant même que t’aies commencé…

D’un autre côté, on me dit souvent, depuis que j’ai trois enfants, que j’ai de l’expérience. Comme si quand on dépasse le chiffre magique de deux on rentre dans la vénération!! On pense que je dois déjà savoir ci ou ça. Que les bébés, je connais ça par cœur! Et que My God on sait pas comment je fais pour tout faire… Beaucoup trop de pression pour la mère imparfaite que je suis!

Maman ma voisine, maman mon amie, future maman qui se confie, arrête ça tout de suite, man! On se fera pas de cachettes icitte… Je ne suis pas meilleure que toi. L’expérience comme tu dis, m’a appris une seule chose. C’est qu’avec les enfants, ça sert à rien! L’expérience ma chère m’a montré que c’est chaque fois un recommencement. Aucun enfant n’est pareil. Si ça marche avec un, guess what!, ça marchera probablement pas avec l’autre! Ils ont tous leur personnalité, leurs humeurs, leurs défis, leurs grandes qualités. Mixe la recette unique avec ta personnalité, ton humeur, tes défis et tes grandes qualités et les possibilités sont quasi infinies! Si t’aimes les palettes de couleurs, tu seras servie avec des enfants!

C’est pourquoi j’aimerais tant, chères mamans, qu’on arrête de se juger. Parce que oui, j’ai remarqué ça, on est pas mal trop dures envers notre gang.

Quand l’allaitement n’a pas fonctionné à mon premier, ce sont d’autres mamans qui m’ont regardée de travers ou qui ont jugé que je n’avais pas tout essayé.

Quand j’ai les bras plein d’enfants et de sacs en sortant du magasin, c’est une maman qui ne m’ouvre PAS la porte avec son air: “Ha ha! Débrouille-toi aussi, on va voir qui est la meilleure!”

Quand je lève le ton à l’épicerie parce que mon deux ans court encore partout, c’est une maman qui me fait des gros yeux.

Quand je prends une marche avec la poussette et que ma fille a encore enlevé son chapeau, exposant son joli coco au soleil, c’est une maman qui me dit: “Pauvre p’tite, elle est au gros soleil!”

Quand je nourris mes enfants aux céréales un soir parce que ma vie ce jour-là c’est de la marde, c’est une maman, assurément, qui me rappellera qu’elle, elle cuisine ses repas parfaitement équilibrés à l’avance… Sérieux?

Quand il y a un morveux qui dérange tout le monde dans un restaurant (oui, rendu là, c’est un morveux et je vous garantis que les miens peuvent l’être aussi! 😉 ), c’est immanquablement une maman qui louchera vers la responsable de la naissance de cette abomination qui n’a, en plus, pas d’affaire dans un restaurant PAS familial!

Vous n’en avez pas marre, un peu?

L’allaitement n’a pas bien fonctionné pour mes deux garçons, mais j’ai allaité ma fille 5 mois… La preuve que tout peut changer selon les bébés et la mère que tu es à ce moment-là. Et tu sais quoi? Je ne suis ni pour l’un, ni pour l’autre. J’ai fait ce que je croyais le mieux pour tout le monde. J’en aurais un quatrième et ce serait une nouvelle aventure. C’est tout!

Pourquoi c’est presque toujours un père qui m’ouvre la porte dans un magasin? Pourquoi un homme en complet-cravate ou avec ses bottes de travail comprendrait plus ma routine parfois éreintante qu’une mère qui vit la même chose que moi? Pourquoi essayer de se prouver qu’on est meilleure au lieu de s’entraider?

Pourquoi on ne fait pas de la maternité un vrai club de femmes qui se respectent, apprennent et grandissent ensemble, digne de Quatre Filles et un Jean?

Clairement, je suis un peu naïve. Comment on m’a appelée déjà…? Ah oui! Utopiste. Oui, clairement utopiste. Sache quand même qu’avec ma grosse expérience à moitié vénérée, je te jugerai pas. Je sais que tu fais de ton mieux. Comme moi. Je sais que tu pleures en cachette quand tu cries un peu trop fort après tes enfants ou que tu t’aies enfermée dans la salle de bain avant d’en balancer un par la fenêtre! Je sais aussi, que tu souriras en lisant ces lignes même si tu n’admettras peut-être jamais que tu l’as fait. Fille, t’es trop dure envers toi.

C’est pour ça qu’on juge. Trop souvent, on vise la perfection. Ça pèse une tonne, cette maladie-là. Fait que, bien sûr, tu n’y arrives pas. Alors la mère d’à côté ne peut pas être mieux. No F***ing way! Bin t’as raison, elle n’est pas mieux. Et toi, tu ne seras jamais parfaite. Faut se rentrer ça dans la tête, pis toute va être correct (RIP René!).

Si mon club t’intéresse, je t’invite dès demain à poser une action pour donner à la mère suivante! Achète-lui un bon café, invite-la à faire une promenade, apporte-lui un petit plat maison ou ouvre-lui simplement la porte au magasin! Mais compétitionner à grands coups de jugements, on peux-tu se dire que c’est fini?

 

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