Réflexions d’un trajet de bus

Transport abribus

Transport abribus

Je suis allée voir Céline sur le fly, en autobus. Je me suis sentie comme une ado, non pas à cause des nombreuses émotions que m’a procurées le spectacle, mais bien grâce au contexte de cette belle soirée. Un coup de téléphone d’une vieille amie, comme dans le temps, avant Facebook et les textos, qui me dit qu’elle a un billet de libre quelques heures plus tard. Moi, digne de la easy going que j’étais beaucoup plus avant, je m’élance sur l’occasion! Plus pratique, moins compliqué et moins cher en prime, je marche jusqu’à l’arrêt d’autobus, vers cette bonne vieille 96 jusqu’à Bonaventure.

Je souris aux souvenirs que ce trajet m’apporte. Je savoure ce petit voyage dans le temps qui me permet aussi de constater tout le chemin parcouru depuis. Et je me désole aussi de voir tout le monde rivé sur son écran de téléphone, de tablette, à la recherche de Pokémon tiens! 😉 Dans le temps, on se parlait… ou on dormait! Je me suis faite des amis, un chum aussi, sur ce trajet de bus. Ouais, on se parlait définitivement plus.

Je suis assise sur le banc en tissu bleu, sourire aux lèvres, bloc-notes et stylo en main, à noter ce trop-plein d’idées. Un bloc-notes et un stylo! Peut-être que je vieillis, mais comme je suis encore un peu cute, je dirai plutôt que je suis vintage. Je regarde les nuages dilués dans ce ciel bleu éclatant, les nouveaux graffitis, le nouveau Pont Champlain en construction, la frénésie de la ville… Je ne peux m’empêcher de penser que je profite plus de l’instant que ces autres en avant de moi, tête baissée, à la recherche d’on ne sait quoi! À ce rythme, de quoi seront faits les souvenirs de demain?

L’instant présent, vous connaissez? Depuis quand il se passe sur un téléphone? Ça s’est poursuivi pendant le spectacle. Céline entre sur scène, ça se met à filmer. Elle salue, ah, tiens! une photo! Pourquoi pas un selfie aussi que tout le monde sache que j’ai vu Céline… comme des milliers d’autres cet été au Québec.

J’ai préféré remplir mes yeux et mes oreilles de chaque note, chaque parole. J’ai bu la musique, dansé la mélodie. Je me suis laissée porter par une idole de jeunesse qui, elle, a laissé la vie teinter ses interprétations. Une sensibilité, une maturité, une expérience de vie qui se sentait dans chacun de ses gestes, les plus fous comme les plus subtiles. Je me suis dit que c’est comme ça que je veux vieillir. Avec un bagage bien à moi qui laissera ses traces bien à lui. Et avec des milliers d’instants qui auront abreuvé mon âme autant que mon cœur.

Avant, tout était plus lent. Certains diront moins productif. Je dirais plutôt que ça nous forçait à s’arrêter, à apprécier, à s’émerveiller, à vivre, tout simplement.

C’est aussi pour ça que j’ai décidé de me calmer le pompon à la fête de mon grand. Cette année, je suis allée easy! Des pâtes, du pain, un mini-entrée. That’s it. J’ai plutôt décidé de profiter de cette journée. J’ai même pas lavé mon plancher! Ça sert à quoi, anyway, quand une vingtaine de personnes entrent et sortent de chez vous? Depuis quand les fêtes d’enfants sont devenues siiii compliquées? Je suis peut-être mère indigne ou pas cool du tout (honnêtement, j’en doute, il devrait bien me rester 4-5 ans avant l’échéance 😉 ), mais je n’embarque pas dans le jeu de qui fera la plus grosse fête. De toute façon, on se fera pas de cachette icitte (ma nouvelle expression fétiche), j’ai pas les moyens de payer la moitié d’un zoo, 2 clowns, 3 maquilleuses et un gâteau quatre étages en fondant à 4-5 $ la portion!

Au lieu, on a décidé de partir deux semaines au Costa Rica. Avec les enfants. Avec ma sœur et sa famille. Dans un beau quartier et une belle villa, mais assez loin des lieux touristiques. On veut voir le pays, pas les touristes du pays… On veut permettre à nos enfants de voir, de toucher, d’écouter autre chose. Je comprends de plus en plus le voyage de ma sœur, ce besoin de se créer un monde à nous parce que celui qui nous entoure, parfois, est un peu n’importe quoi. J’ai besoin d’une vie plus brute où les expériences, les instants courts comme les longs et le bonheur, sans trop d’artifices, priment.

leonardo da vinci

Leonardo Da Vinci a dit, tout juste avant de mourir:

J’ai offensé Dieu et l’humanité parce que mon travail n’a pas atteint la qualité qu’il aurait dû avoir’

 

Si ce génie n’a pas assez offert à l’humanité, n’y a-t-il pas des millions de gens qui se la coulent un peu trop douce? Et moi, que ferais-je dans ce monde pour laisser une marque?

 

Source image abribus

Source image Leonardo Da Vinci

2 comments on “Réflexions d’un trajet de bus”

  1. Diane Soucy St-Pierre

    Enfin, j’ai pris le “temps” de te lire… “temps” que tu exprimes si bien dans ce merveilleux texte.
    Tu me ramènes dans ce temps où moi aussi je prenais cette bonne vieille 96 (qui à ce moment-là ne se rendait pas jusqu’à Bonaventure, mais au métro Longueuil), pour aller travailler, pendant plus de 7 ans, matin et soir, de Saint-Luc à Brossard et Greenfield Park et, pendant près de 6 ans en sens inverse, de Saint-Luc à Saint-Jean-sur-Richelieu… que de souvenirs tu ravives, comme le temps passe vite… nous devrions en être conscients à chaque moment de notre vie et savourer le temps présent !!
    Et oui, de quoi seront faits les souvenirs de demain, si l’on s’en tient qu’à l’ordinateur, le téléphone, la tablette… plutôt qu’aux gens qui nous entourent, quelle belle réflexion tu apportes ! Merci !
    Bravo à toi d’avoir pris le temps de savourer le spectacle de Céline, plutôt que de prendre des photos pour épater la galerie, et d’avoir profiter de la journée de fête de Xavier, qui fut une très belle journée, bien réussie !!
    Je suis très fière de toi, ma fille, et de ta soeur qui, chacune à votre façon, ont décidé d’arrêter la course contre la montre, de prendre le temps de vivre, sans trop d’artifices , de savourer la nature et de profiter du moment présent !!!! Je vous aime tellement xx xx

    • Véro

      Et enfin, je prends le temps de te répondre! 😉 C’est vrai! J’avais presque oublié que tu avais toi aussi pris cet autobus pendant longtemps! Je me souviens que nous la prenions ensemble aussi à l’occasion lorsque tu étais au chômage! Suivait les munchicken comme je disais! haha! J’ose espérer que je saurai transmettre à mes enfants la valeur des gens qui nous entourent et tout le bagage qu’ils portent. On a tant à apprendre des personnes sur notre chemin!
      Je reçois beaucoup plus simplement depuis un bout de temps. J’ai décidé d’en profiter plus!
      Merci maman xxx

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