J’imagine bien Xavier me poser ce genre de questions, dans quelques années. Tsé, quand il sera à l’école et qu’ils découvriront les planètes. Ouais, c’est en plein son genre. Un petit garçon intelligent qui pose des questions auxquelles on n’a pas toujours les réponses.
Mon grand garçon, il rayonne. La majorité du temps. C’est mon soleil à moi. Mais aujourd’hui, c’est de son ombre que je veux parler. Son côté sombre de la force pour reprendre une expression bien connue. C’est pas facile pour une mère (un père aussi) de savoir gérer ça. De trouver les bonnes choses à dire, les bons outils à ajouter.
Quand ton garçon de quatre ans mord son petit frère sur le bras si fort qu’on voit encore les traces de dents le lendemain et qu’il te répond qu’il ne sait pas pourquoi il a fait ça, tu fais quoi? Quand celui qui fait ta fierté devant l’orthophoniste répond en bruits de cochon, en mots inventés ou en rien du tout aux membres de la famille, peux-tu t’empêcher d’être un peu découragée?
Les plus empathiques iront des excuses possibles: “C’est pas grave, il est fatigué”, “Oh, Xavier parle une autre langue?”, “Il est gêné”, “C’est pas toujours facile avoir un petit frère”…
En fait, les enfants réservés, plus timides, qui ont de la difficulté à s’affirmer haut et fort, bin, ça rend mal à l’aise. C’est pas valorisé. La société préfère les enfants volubiles, ceux qui nous sortent des phrases de films, qui tapent dans les mains des voisins, qui n’ont peur de rien et se garochent dans le prochain jeu comme un ninja. Surtout les garçons. Une fille, ça a le droit d’être timide, c’est cute même. Une vraie petite poupée! Un garçon, faut que ça bouge comme on dit souvent!!
Alors me voilà confrontée à ces stéréotypes et à mes propres attentes. Plusieurs fois par semaine, je dois me répéter que ce n’est pas mon rythme que je dois prendre avec lui, mais le sien. Je dois constamment et patiemment l’accompagner dans son apprentissage du langage, l’amener à avoir suffisamment confiance en lui pour qu’il soit à l’aise de prendre la parole “comme un grand” devant les autres. Encourager chaque petite victoire, lui souligner les forces qui ressortent de ses faiblesses.
Je dois admettre que je n’y arrive pas toujours. Hier, je me sentais totalement impuissante. Quand j’ai vu le bras de son frère, j’ai eu l’impression d’avoir échoué. Un gros FAIL dans mon bulletin de maman! Des échecs dans les bulletins, j’en ai jamais eus. J’étais plutôt du genre à récolter les méritas…
Ça fait que, moi aussi, j’apprends. Contrairement aux cours et aux examens dans ma vie, je ne trouve pas ça facile. Je doute, je me remets en question, j’essaie, je fais des erreurs, j’essaie autre chose. Moi aussi, j’ai une part d’ombre… Et au fond, c’est aussi ça qui est beau d’être parent: passer par-dessus nos propres faiblesses pour faire la lumière en attendant que le nuage passe. Connaître les bons et moins bons côtés et aimer quand même de toutes ses forces.
P.S. Non, le soleil n’a pas d’ombre! 😉
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