Là fois où je me suis prise pour Balboa

rocky

Aujourd’hui, j’étais prise d’une mission. Celle de retrouver le goût de courir. Armée d’une paire de baskets un peu trop vieux et de pantalons un peu trop grands, j’ai parcouru les rues de mon voisinage avec le feu sacré. Il ventait, il faisait pas bien chaud et quelques petits flocons tombaient. Mon iPod shootait à mes oreilles son élixir rock. C’est là, à ce moment précis, avec un flocon qui me collait sur le sourcil, que je me suis prise pour Rocky Balboa. Soudainement, je me voyais grimper les fameuses marches à Philadelphie avec les poings en l’air. Pourtant, j’ai pas accompli d’exploit. J’ai pas mis un russe blindé KO. Je suis seulement partie avec l’idée de retrouver la paix, quelque part entre mes jambes qui avancent et ma tête qui voudrait arrêter.

Ça marché. J’étais fière, enivrée par cette petite victoire. Trois ans de lutte, d’essais, d’erreurs, de blessure, de découragement, mais d’espoir aussi. Et puis, voilà. J’ai trouvé! Suffit de s’amuser. Facile à dire. Facile à faire aussi, quand on y pense…

Tout a commencé avec un petit Rémi un peu trop gros pour ma vessie (mais ça, c’est une autre histoire… à suivre!). Interdiction de reprendre le jogging après la grossesse. Il y avait autre chose à régler de bien plus important pour la santé d’une maman. Alors j’ai découvert le spinning, parce que c’est bien beau une grosse bédaine quand ça bouge dedans, mais quand elle est vide, ça attire pas les mêmes regards! Ce fût une histoire d’amour. 🙂 Comme toutes bonnes relations, ça n’a pas été facile. Il a fallu s’apprivoiser un peu, accepter l’humilité de la chose, semer à grosses gouttes pour récolter plus tard. Et le fun est arrivé. Celui de se sentir bien. Celui de voir les progrès, chaque semaine. Celui de se regarder dans le miroir et de s’aimer un peu plus. Celui d’enfiler la fameuse paire de jeans d’avant. Celui d’être moins fatiguée en ayant pourtant plus travaillé. Celui de sourire en même temps que de suer. Celui d’avoir hâte au prochain rendez-vous.

J’ai enfin compris. La course a toujours été une lutte parce que je ne l’avais jamais fait dans le but de m’amuser. La course, c’était pour la balance que je la faisais… La balance et les autres. Bin oui, parce que moi, autant j’en suis fière, autant j’ai le malheur d’être entourée de coureurs. J’en ai même un accro à plein temps dans la maison! J’assiste à des événements sportifs depuis des années. J’encourage toujours les efforts de ceux qui m’entourent. Je les souligne aussi à qui veut bien me tendre un semblant d’oreille. Mais si le jogging est un sport “in” depuis quelque temps, il n’est pas fait pour tous. Contrairement à un jugement populaire auquel j’ai souvent droit, la forme physique de quelqu’un ne dépend pas seulement du nombre de kilomètres qu’il est capable de dévaler.

Je préfère être une Rocky Balboa. J’ai un but précis, mais je veux toucher à tout pour y arriver. Je veux créer un entraînement qui me ressemble, à coups de pédales, de saut d’obstacles au galop parfait et d’une paire de baskets trop vieux. Je veux monter mes escaliers à moi avec les poings en l’air et crier ma version de “Adrienne” aussi fort que je le pourrai quand je voudrai abandonner. Non pas parce que j’aurai couru plus longtemps ou plus vite que la fille d’à côté, mais parce que j’aurai eu du plaisir dans ce que je fais. Surtout, je veux y mettre du coeur. Parce que mon coeur, ça toujours été ça qui m’a menée le plus loin.

Aujourd’hui, j’avais une mission. Celle de retrouver le goût de courir. En fait, j’ai retrouvé le goût d’avoir du plaisir. Et c’est encore meilleur.

 

Crédit photo via Pinterest

2 comments on “Là fois où je me suis prise pour Balboa”

  1. Sandra

    Salut! Je viens de lire ton texte et je me suis retrouvée dans cette courte histoire, je voulais simplement te dire que tu as une belle plume!

    • Véro

      Wow, merci beaucoup! Ton commentaire est le premier venant de quelqu’un que je ne connais pas. 🙂 Tu fais ma journée Sandra! J’espère que mes prochains textes te plairont aussi.

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