Quand rien ne va plus, take a Mini Cooper! – Ou mon escapade en sol bilingue

Ça fait un moment que le silence règne ici. Parce que c’est facile de mettre ses tripes sur la table quand ça va bien. Facile de dire aux autres, « regardez comme ma vie est belle, comme je suis bien et heureuse »! Facile de prendre mon équilibre en exemple pour tenter d’en inspirer d’autres à trouver le leur.

Mais la vie est une bitch, parfois. Ça, c’est moins beau, moins glam, moins cute à partager. Ça écorche de sortir mes tripes pour dire que mon équilibre, bin je l’ai perdu. Je me sens fragile, fatiguée, usée. Ça érafle en-dedans de dire que ma vie de famille, ce que je chéris le plus au monde, mes enfants, sont arrivés au bout de mon énergie. Comment ne pas sentir les larmes monter quand tu réalises que tu as tout ce dont tu as toujours rêvé, mais que tu n’arrives plus à t’en réjouir aussi souvent?

Je me suis réveillée un matin pour me rendre compte que je suis devenue la mère que j’ai toujours évité d’être. Celle qui est exaspérée. À bout de souffle. Qui crie après ses enfants. Qui s’impatiente pour un rien et qui se sent coupable l’instant d’après. Qui porte son amour à bout de bras pour éviter qu’il ne prenne l’eau.

Et là, des mois plus tard, j’écris. Enfin, je le dis. Haut et fort. Parce que ça va mieux. Parce que j’ai mis des mots sur ce qui me rongeait. Parce que je voudrais donc qu’on arrête de se morfondre chacun de notre côté, à l’abri des regards, des non-dits, des jugements. J’aimerais qu’on n’ait pas peur de s’avouer vaincu par petits bouts. Qu’on se flatte le nombril un peu pour revenir en force après. Qu’on accepte que la vie, aussi belle soit-elle, n’est pas toujours facile, même quand on a tout.

La dernière année a été intensément exigeante. J’ai pas assez dormi. J’ai puisé dans mes réserves, encore et encore, jusqu’à gratter le fond. Dans le brouhaha, j’ai laissé une distance trop confortable s’installer entre mon mari et moi. Subtile, mais réelle. J’ai continué de sourire, de faire tout ce que je faisais et même plus. Être occupée me donnait l’impression d’être invincible. Pourtant, je sais bien que je ne le suis pas.

Ça fait que, j’ai tiré la plug comme on dit! Deux transactions sur une carte de crédit et un sac à dos rempli plus tard, je suis partie pour la capitale du Canada: Ottawa! Mon réflexe a été de m’exiler. Quelques heures. Un peu plus de 24 heures, seule, à des centaines de kilomètres de la vie telle que je la connais. À faire ce dont j’avais envie, au moment où j’en avais envie. À reconnecter avec l’humain que je suis.

Vu l’état lamentable de la voiture de travail de Monsieur mon Mari, j’ai loué une voiture, question de me rendre à bon port… Quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai vu que la « voiture de type compacte Toyota Yaris ou similaire » s’était miraculeusement transformée en Mini Cooper! Telle Charlize Theron dans Un boulot à l’italienne, j’ai traversé le panneau “Welcome in Ontario” avec une main sur le volant, le sourire aux lèvres et un fort sentiment de liberté. Bien sûr, j’allais pas voler de lingots d’or, mais conduire cette petite-qui-en-a-dedans a été le début d’une fin de semaine de pur bonheur! Étrange par moments, moi qui suis maintenant que trop peu habituée à la solitude et au silence, mais oh! combien bénéfique!

Mon naturel rieur, jovial et heureux est revenu au galop! Je marchais dans la ville d’Ottawa dimanche matin avec légèreté et j’avais enfin l’impression de retrouver la personne que je suis. J’étais submergée par le soleil éclatant et l’architecture des bâtiments. Comme un totem, j’ai présenté ma face au soleil le temps que mes poumons s’engorgent de tout cet air frais et ce remplissage d’énergie m’a comblée au plus haut point!

Évidemment, quelques petites réflexions et constats se sont imposés. Comme de lever un peu la pédale sur les projets. De choisir d’être là à 100 % quand je fais quelque chose plutôt que de tout faire à moitié. De ressortir mon bon vieux fil d’équilibre et de me réentraîner à marcher dessus, un pas à la fois.

Mes enfants m’ont manqué. Mon mari aussi. Aussi ironique que ça puisse paraître, j’en aurais pris plus parce que j’appréciais cet ennui. Et aussi parce que j’étais pas encore tannée de flatter mon nombril! 😉

Musique dans le tapis, j’ai repris ma petite Mini en sens inverse, déterminée à répéter l’expérience. À ne plus oublier cet humain que j’aime en moi. Cette personne que j’apprends encore à connaître et à respecter. Cette personne qui je sais redeviendra une bonne mère.

 

P.S. La ville qui se vante d’être bilingue au Canada ne l’est pas tant que ça… mais elle est belle en crime pareil!

P.S.S. Ma porte, mon téléphone, mes oreilles et mon coeur sont toujours ouverts à quiconque a envie d’arrêter de se morfondre et de jaser du côté bitch de sa vie. Je sais que tu l’aimes pareil. 😉