Il y a des jours comme aujourd’hui où j’ai l’impression d’être une bombe à retardement. Un mélange dangereux enfermé dans un ballon prêt à éclater d’un simple effleurement. J’ai exploré plusieurs pistes, comme un Baby Blues à retardement, une chute d’hormones post-allaitement, une accumulation de petites choses et bien sûr… le manque de sommeil.
Je suis plus irritable, moins patiente, plus brusque. J’ai les yeux qui ferment tout seul en plein milieu de la journée, souvent. Je pleure facilement aussi. J’ai éliminé le Baby Blues ou la dépression parce que ce ne sont pas des émotions ou des états qui m’habitent en permanence ou qui prennent la majeure partie de mes journées. Je n’ai pas non plus de mal de vivre ou l’impression d’être malheureuse. En fait, je suis très souvent joyeuse et totalement amoureuse de mon mari et mes enfants. J’ai aussi encore pas mal d’énergie! Même si je sens que celle-ci s’amenuise.
En ce qui concerne les hormones, je n’ai jamais eu une relation simple avec ces bibittes-là. Il se peut fortement qu’elles m’influencent un peu ou beaucoup selon l’étape du mois! 😉 Je suis une hormonale. Lire je suis une débile mentale une semaine par mois! Depuis que j’ai accouché d’Alice, ça s’étire même sur 12 à 15 jours. Parce que j’ai recommencé à avoir des crampes insoutenables comme une jeune adolescente avec un corps en effervescence… J’ai mal quelques jours avant, je veux mourir les 2-3 premiers jours et j’ai mal encore quelques jours après. Une moitié de mois où je ne suis pas moi-même! Faites le calcul, je suis invivable de 144 à 180 jours par année. Quasiment six mois! Ai-je besoin de vous dire que ces fluctuations de douleurs et d’émotions intenses épuisent également? Monsieur mon Mari est-il écœuré? À voir ses regards découragés frisant l’envie de m’égorger ce mois-ci, je pense que oui! 😛 Heureusement qu’on s’aime… beaucoup!
Ce qui laisse le dernier monstre en liste: le manque de sommeil. Parce que j’ai fait le décompte rapidement et j’ai pas beaucoup dormi ces 5 dernières années! Je ne me souviens même plus la dernière nuit complète sans me réveiller ou intervenir auprès d’un des enfants. Entre le bébé qui ne dort pas, le cauchemar de l’un, le verre d’eau de l’autre, le somnambulisme, les pleurs, les cris, les peurs, ma propre insomnie, le mari qui fait trop de bruit, les maux de dos ou de tout le corps enceinte, les envies de pipi… Une nuit de sommeil est devenue un concept flou, lointain, intouchable. Dans les cinq dernières années, je pense que c’est arrivé quelques jours par-ci, par-là. Disons quelques mois tout au plus et pas en continu. En 5 ans! Si on calcule l’insomnie de grossesse du premier fiston, on peut presque ajouter une année de plus avec un sommeil de marde. Oui, rendu là, on parle de marde.
Parce que y’a vraiment des bouts où je ne me reconnais plus. Ou je ne suis plus Véro ou p’tit cœur ou maman d’amour. Je suis Vérozilla. Un monstre ambulant avec des cernes en dessous des yeux, une voix caverneuse et des yeux qui sortent de la tête en deux secondes si on me cherche (et je suis facilement trouvable!)!!
Je ne pensais pas que ça se pouvait d’être aussi fatiguée et de fonctionner quand même. Notez que j’ai bien écrit fonctionner. On parle ici d’un proche synonyme du mot survivre. Parce que le lendemain, que t’aies dormi ou pas, ça se lève ces petits-là! Le lendemain, il y a des petits déjeuners à servir, des vêtements en plusieurs couches à enfiler, la cloche de l’école sonnera pas plus tard et les tâches continueront de s’accumuler. Et quand ça dure depuis des années… la transformation est imminente!
C’est difficile à comprendre pour ceux qui n’ont pas d’enfants. Ou pour les parents qui ont des enfants qui dorment (ça se peux-tu?), ou pour ceux qui ont oublié. Mais je vous le dis, on ne sait pas ce que c’est la fatigue avant d’être passé par là. Je sais, je sonne super cliché. Je déteste ça. Mais c’est ça pareil. Moi aussi, je pensais que je savais. J’avais encore le nombril vert faut croire (quelle drôle d’expression!)! 😛
Je n’aime pas me plaindre sur les choses dont je n’ai aucun contrôle. Et, je dois bien l’admettre, je n’ai absolument plus aucun contrôle sur mon sommeil. Dans ma tête, c’est ça aussi, des enfants. Des heures de sommeil en moins si nombreuses qu’on ne les compte plus. Qu’on ne sait même plus si c’est hier ou avant-hier qu’on s’est levé 10 ou seulement 5 fois. Pour moi, quand on ne peut pas contrôler quelque chose, vaut mieux ne pas se concentrer là-dessus, c’est tout. Sauf que, là, je trouve que ça commence à peser!
Ce qui m’amène au mot gérer. Gérer le manque de sommeil? Si je ne peux pas gérer le sommeil, je vais gérer le manque me suis-je dit! Ouff! Méchant contrat! On oublie les siestes en journée! Soit je suis incapable de rester en place en pensant aux choses à faire, soit je suis complètement assommée par une sieste trop ou pas assez longue! Et, faudra bien faire mes journées sans, un congé de maternité, ce n’est pas éternel! J’accumule les tasses de café, mais je ne vois pas trop d’effets, outre celui d’avoir mal à la tête quand j’oublie d’en prendre un!
Ça fait que j’ai opté pour le lâcher-prise. Je m’excuse à l’avance. Pour les fois où j’aurai été bête, ou moins souriante. Pour ces moments où j’écoute à moitié ou que je fixe un point précis avec aucune envie de décrocher. Je m’excuse pour la vaisselle que je n’ai pas faite, pour les piles de vêtements pas pliées en bas, pour les planchers que j’aurais dû laver il y a 2-3 semaines déjà et qui vont attendre encore. Pour avoir plutôt envie d’écrire sur mon blogue que de me taper le torchage de la cuisine. Je m’excuse aussi si j’oublie votre anniversaire ou que j’arrive en retard à un rendez-vous. Je m’excuse d’être parfois l’ombre de moi-même, celle en arrière de Vérozilla.
Un jour, peut-être, je dormirai plus. Mieux. Des nuits. Complètes de préférence. Je redeviendrai un jour, peut-être, tout simplement Véro.
P.S. Un gros merci à mon Xavier de trouver une face presque aussi bête que la mienne! 😛
P.S.S. J’affectionne particulièrement l’art de l’exagération. Je n’ai pas vraiment les yeux qui sortent de la tête… 😉