La trentaine, la bédaine… je l’aime!

Dans ma tête et mon coeur, j’ai maximum 22 ans. Il m’arrive de me réveiller le matin et de paniquer une ou deux secondes en réalisant qu’il y a des voix d’enfants dans ma maison. Ah oui, c’est vrai! J’ai… trois enfants!

Ce n’est en rien un regret par rapport à ma vie. Juste que mon esprit refuse de croire que je suis rendue là. D’ailleurs, ces temps-ci, j’écoute Gossip Girl en cachette en pensant réellement qu’un jour, quand je serai grande, je ressemblerai à Serena! Je sais, je sais, il n’y a pas plus insipide comme télésérie. Et je suis 10 ans en retard…(comme quoi je suis vraiment une mère après tout!)!!! En plus, je me surprends à avoir trop de compassion pour la mère de Serena. Tu sais clairement que t’es plus si jeune quand tu éprouves de l’empathie pour les parents des personnages principaux! Et bin oui! Ça y’est, je suis passée de l’autre côté. J’appartiens maintenant à la catégorie “sont trop vieux pour comprendre”. Shit.

Comme l’autre soir, avec ma soeur. Elle a eu la gentillesse de s’occuper des enfants pendant que la garderie était fermée pour les vacances. Elle a dormi ici. C’était bien de se retrouver une soirée (ça m’a un peu rappelé le temps où je squattais son lit double pour chuchoter jusqu’aux petites heures). Entre deux discussions sur la vie, Sophie Nélisse apparaît dans le téléviseur au show de Pénélope McQuade. Dans ma tête, Sophie Nélisse et moi on a le même âge. C’est ma buddy. Je la trouve cool. Je l’écoute parler. Vlan! Une claque en pleine poire! On n’a pas du tout le même âge! Elle parle du fait qu’elle et son chum pleurent à l’idée qu’ils doivent se séparer quelques semaines pour un tournage de Sophie. Belle dans son innocence de la jeune femme qui découvre l’amour, elle raconte à quel point ils s’ennuient l’un de l’autre quand ça fait une heure qu’ils ne se sont pas vus!! Je trouve ça cute pour mourir… comme une mère qui regarde sa fille s’éprandre d’un bon et gentil garçon! Autant je suis attendrie par l’image de cette jeune femme qui s’épanouit, autant je souris à l’idée qu’il lui reste encore tant à découvrir. Cette bienveillance n’est pas gratuite.

Et la réalité me frappe. Je suis dans la trentaine. J’ai quelques cernes. Une bédaine, molle de surcroît. Et si je trouve ça plaisant d’avoir encore le coeur jeune, de m’émerveiller devant ces ados qui découvrent, d’être aussi enfant que mes enfants à l’occasion, ma vie n’en demeure pas moins riche de toutes ces expériences acquises au fil du temps. Surtout, du fait que j’assume qui je suis bien plus qu’avant.

Je n’ai jamais aimé La Ronde. Je n’aime pas avoir peur et j’ai le vertige bien vertigineux. Quand j’étais plus jeune, je faisais semblant d’y trouver mon compte. En réalité, le seul manège que j’appréciais réellement était la pitoune (feu est son âme)! Ça, et les autos tamponneuses. Mais fallait surtout pas que mes amis le sachent. Sinon j’aurais eu l’air trop bébé, ou pas assez cool. Franchement, j’en ai plus rien à cirer maintenant! Moi, payer des centaines de dollars (on est cinq) pour attendre des heures afin d’avoir les mains moites et mal au coeur, non merci! En plus, faut manger des hot-dogs pis des frites par-dessus le mal de coeur parce qu’on n’a pas le droit de s’apporter un lunch. Ark.

J’ai beaucoup plus de plaisir aux quilles. Ou au musée du train. Je réalise à quel point je sonne matante. J’ai envie de dire: “Ouin, pis!” comme mon ado de six ans qui s’étale sur le divan pour jouer à la Wii. Parce que c’est ça, la trentaine. C’est le coeur qui veut encore, c’est la tête qui connait, un peu et, surtout, c’est la force de s’assumer tel qu’on est.

Je suis plus en forme maintenant que je ne l’étais à 20 ans. Ma maison est souvent sale, mes vêtements pas pliés et le fer plat est réservé aux occasions. Mais ici, chez-moi, il fait bon. Il y a plus d’amour que de pieds carrés. Un amour fatiguant parfois, avec ses hauts et ses bas, ma ronde à moi finalement… et je dois vous dire que j’aime bien la ride cette fois! Parce qu’elle est vraie, sincère. Parce que j’ai peut-être la trentaine et la p’tite bédaine, mais je m’aime. Pas tout le temps. Mais bien plus souvent qu’avant.

J’ai réalisé nombre de rêves, je me suis construite et rénovée et le referai encore. Je sais ce que je veux et encore plus ce que je ne veux pas. Je suis forte. Solide. Fière. Je joue aux quilles comme s’il n’y avait pas de lendemain et je crie à tue-tête en dépassant mon mari à vélo. Je m’extasie devant une forêt ou la clarté d’une rivière. Je laisse mon coeur battre au rythme du galop de mon cheval. J’emplis mes poumons de l’odeur des cheveux de mes enfants. J’enregistre chaque trait de leur doux visage dans ma tête. Je chéris la main rugueuse de Monsieur mon Mari qui s’insère dans la mienne. Chaque moment est un cadeau, ou une leçon. Je souris à la vie et elle me le rend bien.

J’ai le corps de mon âge, le coeur de mes 20 ans et juste assez de sagesse dans mon baluchon.

La trentaine, la bédaine, pas si shit que ça finalement. Regardez-moi bien dans les autos tamponneuses! M’en va vous rider ça! 😉