Aussi paradoxal que ça puisse paraître, chacun de mes congés de maternité a été l’occasion de renouer avec la nature. Je joue dehors avec les enfants, nous faisons des pique-niques, des marches dans le bois, etc. Lorsque les deux grands sont à la garderie, j’en profite souvent pour aller marcher avec ma poulette.
En fait, pour être honnête, je cours presque derrière la poussette. Pour être même 100 % honnête, tous ces moments en nature, bien que fort appréciés, se font toujours dans l’action. Être maman de trois enfants, ça donne rarement le luxe de ne rien faire. Contrairement à la détente qu’on peut s’imaginer lorsqu’on parle de marcher ou pique-niquer, ces activités en famille deviennent souvent une multiplication d’interventions en tous genres. Au y’able les petits papillons! Un s’enfuit pendant que l’autre a une envie de pipi pressante et que bébé se met à pleurer de fatigue! Ça fait que les marches avec la poussette se transforment aussi rapidement en moment d’entraînement, faute d’autre temps… vite, vite, avant qu’elle ne se réveille! 😉
Pourtant, ça doit être la faute aux hormones (tout est toujours la faute aux hormones) en chute libre, je me suis laissée inspirer il n’y a pas si longtemps par une journée juste trop parfaite. Je me plaisais dans le son de mes pas sur le chemin de roches lorsque j’ai décidé de m’arrêter devant les petits rapides de la rivière Richelieu. Et parce qu’on peut sortir la fille du sport mais pas le sport de la fille, je me suis lancé un défi! Prendre 5 minutes à juste me reconnecter avec cette beauté simple et pourtant grandiose que j’avais devant les yeux. Facile, que je me suis dit! Cinq minutes, c’est rien!
Telle une moine en formation, j’ai posé mes lunettes soleil sur ma tête, lâché la poussette et levé mon visage vers ce soleil plombant. Ça a duré 30 secondes, tout au plus. J’avais le goût de reprendre ma marche, je me disais que Alice se réveillerait, que je n’avais pas le temps. La girouette commençait à prendre le dessus!
Je me suis autocalmé le pompom! Je suis qui moi pour m’imaginer que je n’ai pas le temps de prendre 5 minutes dans ma journée pour me grounder? Nous avons tous 1440 minutes dans une journée. Tous. Si je n’en mérite pas 5 à moi toute seule pour juste être sereine, je ne mérite pas grand-chose. J’ai décidé de mettre la zénitude dans mon panier.
Ma formation de moine s’est poursuivie et j’ai accueilli, tranquillement, la zénitude. Les 2-3 premières minutes ont été vraiment difficiles et je me suis rendue compte à quel point ma vie est constamment dans l’action. Pourtant, je ne me considère pas comme une personne stressée. J’ai un rythme de vie qui me convient, un horaire parfait pour moi et la chance de passer beaucoup de temps avec mes enfants, mon souhait le plus cher. Mais il est vraiment très rare que je mette l’interrupteur à off!
J’ai ouvert les yeux et j’ai laissé aller mes sens. Le moine est devenu hippie et soudainement, la nature s’est réveillée devant moi. J’ai entendu le subtile remous des rapides, vu les vagues que formaient les feuilles dans les arbres et j’ai même pu apercevoir un petit oiseau perché tout haut parce que mes oreilles, faute de surstimulation, sont devenues bioniques et ont su déceler le bruit des petites ailes. 😉 Tout à coup, je n’étais plus une étrangère dans cette nature, j’en faisais partie.
J’ai pris 3-4 bonnes bouffées d’air qui m’ont instantanément faites sourire et je suis repartie, plus détendue et revigorée qu’après un massage suédois, malgré tout l’amour que j’y porte!
Depuis cette journée, je m’imagine en poses de yoga dignes des plus grands totems devant la rivière. En réalité, ce n’est qu’une image qui m’aide à me rappeler ce moment de pleine sérénité. Moment que j’essaie de reproduire aussi souvent que possible. Accueillir la zénitude, à coups de quelques minutes, ça n’est pas devenir moine, pro du yoga ou hippie, c’est juste d’ouvrir la porte à son âme. Ça y’est, le moine est en train de devenir gourou! 😛 N’empêche, penses-y!
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